Indonésie : des bambous contre le réchauffement climatique
En Indonésie, des forêts considérées comme parmi les plus riches du monde en biodiversité sont toujours menacées par la déforestation. Face à cette situation, une solution existe : le reboisement. Il est essentiel pour la préservation de l’environnement, mais aussi pour assurer les moyens de subsistance des populations locales.
Sur le terrain, notre ONG met tout en œuvre pour restaurer ce formidable écosystème. Comment ? En plantant notamment des bambous à Genggeland, un village au nord de Lombok, île située à l’est de Bali. Pourquoi des bambous ? Notre action à Geggelang vous en dit plus.
Qu’en est-il de la déforestation en Indonésie ?
Du progrès, mais pas que…
L’Indonésie est l’un des poumons verts de notre planète. Sa forêt tropicale est la 3e au monde et sa superficie forestière est en 8e position ! Après une déforestation sauvage sur des décennies, le taux de disparition de ses forêts a chuté de plus de 50 % entre 2015 et 2021 atteignant son niveau le plus bas depuis vingt ans. C’est encourageant, mais il ne faut pas baisser les bras. La déforestation est loin d’être enrayée ! Après l’annonce de la COP26 en 2021 d’un objectif de « zéro déforestation », l’Indonésie a bien du mal à respecter ses engagements.
Quelles sont les causes de la déforestation en Indonésie ?
La déforestation est principalement due à l’agriculture, notamment aux plantations de palmiers à huile qui sont très rentables pour les petits fermiers et les plus gros, à la production de pâte à papier, mais aussi aux projets miniers, à l’exploitation forestière illégale et aux incendies incontrôlés.
Pourquoi est-il indispensable d’encourager le reboisement ?
La nécessité de préserver une formidable biodiversité
Les forêts indonésiennes sont parmi les plus diversifiées au monde. Vous pourrez y voir des orangs-outans, des tigres de Sumatra et des éléphants. Toutes ces espèces sont menacées par la déforestation. Reforester contribue à la restauration de leurs habitats naturels, permettant ainsi leur survie.
Reboiser pour réguler le climat
Les forêts absorbent le dioxyde de carbone, réduisent ainsi sa concentration dans l’atmosphère et atténuent les effets du réchauffement climatique. De plus, elles influencent les régimes de précipitations et participent à la stabilité du climat local et global.
Le saviez-vous ? En Indonésie, la déforestation est une source majeure d’émissions de gaz à effet de serre, contribuant au changement climatique. Selon le rapport annuel du Global Forests Watch de 2020, la destruction des forêts primaires indonésiennes a entraîné l’émission d’au moins 2,64 gigatonnes de CO2. C’est équivalent aux émissions annuelles de 570 millions de voitures !
La protection des sols et des ressources en eau
En Indonésie, la déforestation entraîne une érosion des sols, réduisant leur fertilité et augmentant les risques de glissements de terrain. De plus, les forêts jouent un rôle vital dans la régulation du cycle de l’eau. Elles contribuent à la recharge des nappes phréatiques et à la purification de l’eau, garantissant ainsi l’accès à des ressources en eau de qualité pour les communautés locales.
L’Indonésie et le changement climatique
Il est d’autant plus urgent d’agir, de préserver l’existant et de replanter ce qui a été détruit, que l’Indonésie est particulièrement exposée aux effets du changement climatique. En tant qu’archipel avec plus de 17 000 îles, l’élévation du niveau de la mer menace de submerger des terres et des côtes. Le pays est sujet à des phénomènes météorologiques extrêmes tels que les inondations, les glissements de terrain et les cyclones. De plus, les écosystèmes fragiles comme les forêts tropicales, les récifs coralliens et les mangroves sont très sensibles aux changements climatiques. Enfin, l’économie indonésienne, fortement dépendante de l’agriculture, de la pêche et du tourisme, est particulièrement vulnérable aux variations climatiques.
Le saviez-vous ? Les forêts de mangroves stockent 5 fois plus de carbone que les autres forêts. Leur préservation et restauration est indispensable en Indonésie et partout dans le monde. Notre ONG LIFE y participe notamment à Sumatra.
Le projet de reforestation de notre ONG à Genggeland en Indonésie
Plusieurs ONG œuvrent en Indonésie pour restaurer les forêts dégradées. Ces programmes de reforestation impliquent souvent la plantation d’arbres indigènes pour recréer des écosystèmes naturels. Sur l’ile de Lombok, notre ONG LIFE mise tout particulièrement sur le bambou et également sur d’autres essences spécifiques. Quels sont leurs avantages ? Quel est l’objectif du projet ?
Les opportunités économiques du bambou
Le bambou peut être employé pour de nombreuses applications. De ce fait, sa plantation offre une source de revenus diversifiée et durable :
- la construction : il peut être utilisé pour presque toutes les parties de la maison (poteaux, toits, murs, planchers, poutres, fermes et clôtures, etc.) ;
- l’artisanat : il sert à fabriquer du mobilier, des ustensiles de cuisine, des textiles, des instruments de musique, etc. ;
- dans le secteur alimentaire, les pousses de bambou sont de plus en plus populaires. Elles sont riches en fibres, vitamines et minéraux. Elles peuvent être consommées localement ou vendues sur les marchés, offrant une source de nourriture durable et une opportunité commerciale ;
- la production de charbon.
Les avantages écologiques du bambou
Les produits en bambou peuvent remplacer le bois pour de nombreuses applications ce qui permet de diminuer la pression sur les ressources forestières et contribue à une gestion durable de celles-ci.
Et pour ne rien gâcher, il joue un rôle crucial dans la restauration des sols dégradés. Grâce à son système racinaire dense, il aide à en prévenir l’érosion et en améliore la structure. De plus, les bambous ont une capacité de séquestration de carbone élevée participant ainsi à la lutte contre le changement climatique. Une fois plantés, les bambous se développent très vite et atteignent leur maturité en seulement quelques années. Ils offrent de ce fait une solution rapide et efficace pour la reforestation.
Qu’en est-il de l’usage du bambou à Genggeland ?
Beaucoup d’habitants du nord de Lombok (province de Nusa Tenggara occidental) vivent de l’agriculture, de la pêche et du tourisme. À Genggeland, beaucoup dépendent des ressources forestières pour leur subsistance, notamment pour la collecte de bois de chauffage, de plantes médicinales et de produits forestiers non ligneux. Les forêts sont de ce fait exploitées, parfois trop, et ne suffisent plus à assurer leur sécurité alimentaire et leur bien-être économique.
Les communautés, majoritairement pauvres, emploient déjà le bambou au quotidien et fournissent des matériaux qui en sont issus à la région environnante. Cependant, sa production diminue, car de nombreux propriétaires terriens le remplacent par d’autres cultures ou activités agricoles. La raison à cela : une absence de prise de conscience sur ses atouts, sur ses possibilités d’utilisation.
En effet, la plupart des bambous commercialisés dans cette région sont des matières premières brutes, souvent perçues comme moins précieuses que d’autres plantes comme le café, le bois ou les palmiers à huile. Son utilisation reste limitée à des usages modestes tels que les piquets de culture, les paniers de légumes, les supports de construction et les cages à poulets, ce qui ne le valorise pas.
L’objectif de notre projet
Le projet de notre ONG LIFE a plusieurs objectifs :
1) Il vise à restaurer les forêts de bambous et d’arbres de la région afin de régénérer les sols, créer des puits de carbone et redynamiser la biodiversité.
Avec nos partenaires et la population locale (des bénévoles, des associations touristiques locales, des groupes de jeunes et des institutions universitaires, etc.), nous avons réalisé une serre et une zone de semences, et planté plus de 21 000 arbres dont environ 5000 bambous mixtes et 15 000 arbres fruitiers. On compte parmi eux le nangka (Artocarpus heterophyllus), le mangga (Mangifera indica), le rambutan (Nephelium lappaceum), l’avocatier (Persea americana), le durian (Durio spp.), et le sawo (Manilkara zapota). Cette sélection d’arbres est faite de concert avec le bureau forestier de la régence et le gouvernement villageois. En combinant bambous et arbres fruitiers, les communautés pourront récolter les fruits après cinq ans.
2) Donner aux habitants les outils nécessaires pour améliorer leur qualité de vie et élargir la diversification de leurs revenus grâce à des solutions durables et respectueuses de l’environnement.
3) Sensibiliser les communautés locales à l’importance du bambou et des arbres d’un point de vue écologique et économique.
4) Proposer des formations sur les techniques de plantation, la gestion durable des forêts et la transformation des produits du bambou. Grâce à elles, les communautés deviennent plus autonomes et résilientes en gérant mieux leurs ressources naturelles et en développant des activités économiques durables à long terme.
Qui sont ceux et celles qui vont bénéficier du projet ?
∙ Trois groupes communautaires ont vu le jour : le premier se consacre à planter des semis de bambou, le second à fabriquer des objets artisanaux en bambou, et le troisième à créer des meubles en bambou.
∙ 30 personnes sont formées à l’utilisation du bambou pour la fabrication de meubles et d’objets artisanaux (60 % des participants sont des femmes).
∙ 100 familles (environ 400 membres de familles) ont reçu des arbres pour les planter sur leurs terres.
KUN : notre indispensable partenaire local
Le programme de reforestation collabore avec diverses parties prenantes, notamment des organisations locales, des établissements d'enseignement et des organismes gouvernementaux, ce qui permet d'accroître sa portée et son impact. Parmi ces partenaires sur le terrain, notre ONG LIFE s’associe à KUN Humanity System qui est doté d’une vaste expérience de travail avec les ONG locales et internationales. Sa mission au long cours : offrir les réponses les plus efficaces et globales aux situations d’urgence provoquées par des catastrophes naturelles ou humaines. Au fil du temps, l’organisation a constaté qu’une exploitation forestière massive a lieu après les sinistres. Son origine ? La population construit ses propres abris. Depuis 2018, tous les programmes de rétablissement incluent de ce fait le projet bambou, qui fournit aux communautés des abris en bambou pour se reconstruire.
Au total, 12 abris ont été réalisés à Palu, 65 dans le district de Sigi, 3 grands espaces communautaires à Banten après le tsunami, 3 espaces communautaires à Lombok après le séisme, et 4 espaces communautaires dans le district de Sigi. Mais KUN ne s’arrête pas là. L’organisation poursuit le programme avec la plantation et la sensibilisation des communautés à l’utilisation des arbres et tout particulièrement du bambou. Lorsque ce dernier est encore sous-utilisé dans une communauté, elle initie des programmes de formations et de développement des compétences afin qu’il soit davantage valorisé. Un groupe communautaire appelé « Guerriers du bambou » a été établi dans certaines régions, notamment à Kulawi, dans le district de Sigi. Au total, 59 travailleurs qualifiés en construction de bambou ont été formés.
Comment assurer la pérennisation de notre action ?
Notre partenaire KUN travaille depuis 2018 avec les communautés ciblées et les autorités locales. Il entretient des relations de confiance avec elles, clés de la réussite de ce programme ambitieux. Dès le début, les habitants sont impliqués dans le choix des sites de plantation et dans leur entretien, démontrant ainsi leur engagement envers le projet. Toutes les réunions et activités sont consignées et rapportées au chef de projet. Chaque activité est documentée par des photos et des vidéos.
De plus, étant donné que KUN a développé des groupes communautaires de bambou dans d’autres régions, les groupes de Genggeland seront connectés avec d’autres communautés de bambou du secteur. KUN prévoit de prolonger le programme dans cette zone pendant trois ans afin d’assurer la durabilité du projet bambou.
L’intérêt socio-économique de la reforestation en Indonésie, en particulier par la plantation de bambous, est indéniable. En créant des emplois, en augmentant les revenus, en développant les compétences, en améliorant la sécurité alimentaire et en renforçant la résilience aux changements climatiques, ces initiatives offrent des avantages substantiels aux communautés locales. Les actions des ONG, en collaboration avec les gouvernements et les entreprises, sont cruciales pour promouvoir la reforestation et exploiter le potentiel du bambou comme moteur de développement durable et de bien-être socio-économique. En adoptant des pratiques de gestion durable des forêts, l’Indonésie peut protéger ses précieuses ressources naturelles tout en améliorant les conditions de vie de ses populations rurales.
Ensemble, favorisons la résilience des communautés locales face au changement climatique
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